Le « slash » dans l’image: Latence & Permanence
PRÉSENTATION DE MON THÈME DE MÉMOIRE
Résumé de la démarche théorique
Présentation de l’édition
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La société dans laquelle nous évoluons aujourd’hui, souvent définie comme «hyper-réactive», connait une permanence et une augmentation constante des flux de données. Ses multitudes d’images et d’informations de natures diverses nous sont données à voir à travers internet et ses nombreux supports de diffusion ainsi que dans l’espace public (affichage, journaux gratuits…).
Si des conséquences positives à ces flux constants sont certaines (aspect rassurant, repère, ancrage profond dans la société), la surabondance générée nous conduit de plus en plus vers une attitude de consommation vis-à-vis de l’information.
On constate également une altération de la qualité de ces données du à leur aspect de plus en plus éphémère. On parle de «société du zapping» ou encore de «génération poissons rouges» pour caractériser ce phénomène qui conduit notre génération et les futures vers un temps d’analyse très réduit et un manque certain de cohésion avec les événements passés (ces derniers ne pouvant trouver leur place dans un monde ou tout est basé sur l’instant, le «buzz» et la «news»).
On constate donc une déperdition globale de la qualité de jugement des spectateurs vis-à-vis des environnements visuels auxquels ils sont confrontés: le spectateur ne posséderait ainsi plus la distance nécessaire au jugement.
C’est ici qu’intervient mon positionnement de graphiste: j’introduis ce que je nomme le mode «slash». Cette dénomination vient du mécanisme ON/OFF, le «ON» définissant un état d’éveil permanent et le «OFF» un état de sommeil. Le «/» qui les sépare correspond donc à un état intermédiaire, continu mais placé «entre parenthèses», en état de veille. Si l’on se réfère au mécanisme de la veille on peut définir qu’il s’agit d’un état de somnolence vigilante suivi d’une activation instantanée.
La particularité des objets, environnements ou images «/» se trouve donc dans la capacité à se soustraire malgré leur permanence: permanents mais en retrait avec la capacité de s’activer au moment opportun (geste, manipulation, contemplation, position…).
Mes principaux enjeux ont donc résidé dans le fait donner davantage de choix au spectateurs et aux usagers leur permettant ainsi de s’opposer à la constance totale. J’utilise également le terme d’«écologie du regard»: moins de quantité vers plus de qualité du regard et des images.
L’idée est de redonner plus d’importance au spectateur, de lui permettre plus d’interaction et de «dé-saturer» son regard.
Introduire le «/» dans l’image c’est s’opposer à la frontalité, aller vers une pluralité des temps de lecture, vers des dispositifs latents, des environnements en attente…
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L’édition présentée ci-dessous contient la réflexion effectuée autour de mon thème de mémoire. La couverture comprend un jeu autour de différents plans, une recherche de mise en espace des lettres du titrage. A l’intérieur de l’édition la typographie de titrage « History » (combinaison de deux fonts) donne un effet d’absorption par le support papier. Le but ici est de révéler la nature instable (toujours dans l’optique de créer des environnements « / »), de donner à voir une typographie non pas figée mais mouvante. La présence de plusieurs dégradés agit dans le même but en venant créer des rencontres colorés et de la nuance, brouiller la netteté des contours.